31e congrès du CIÉF
Martinique
Du 26 juin au 2 juillet 2017
Thème directeur du congrès : L’île et son autre, la francophonie en Relation
Programme définitif du congrès (cliquable)
En choisissant La Martinique pour son 31e Congrès du 26 juin au 2 juillet 2017, le CIÉF souhaite mettre en valeur la francophonie en Relation et sollicite donc des communications portant sur tout ce qui « relie (relaie), relate » (Glissant). Chambre d’écho pour tous les silences issus du « gouffre-matrice », l’archipel caribéen invite au rapprochement – historique ou ancré dans l’urgence des temps présents – avec l’espace créole de l’océan Indien, avec la Méditerranée, avec toutes les pensées du métissage, de la créolisation, de l’hybridité, dont on interrogera l’acuité et l’actualité. Il s’agira aussi de repenser la francophonie « en présence de toutes les langues du monde » (Glissant) et l’histoire de ses littératures comme une histoire, sinon globale, du moins connectée. Afin d’encourager de manière interdisciplinaire le développement des études, de la recherche, des publications portant sur la littérature, la langue, la culture, les arts et les sciences sociales dans tout le monde francophone, le CIÉF accueille chaque année à son congrès un large éventail de sessions regroupées sous ces catégories. Nous acceptons aussi des propositions dans lesquelles la francophonie est un facteur principe et qui permettront de rassembler les intervenants autour de problématiques d’actualité, sous les grandes catégories de LANGUE-CULTURE-LITTÉRATURE-HISTOIRE-PÉDAGOGIE. N’hésitez pas à consulter l’appel à communication, les échéances et autres détails pertinents.
Prix CIÉF 2017 : Monchoachi
Le Conseil International d’Études Francophones est heureux d’annoncer qu’il remettra son Prix 2017 au poète martiniquais Monchoachi, « un des plus grands poètes vivants de la Caraïbe et des espaces américains. Et sans doute du monde », selon le bel hommage de Patrick Chamoiseau (Saint-Pierre, décembre 2013)[1].
Monchoachi (André Pierre-Louis) est né en 1946 à Saint-Esprit, à La Martinique. Poète en langues créole et française, il a fait des études de philosophie et a animé pendant vingt ans deux des principales manifestations culturelles de La Martinique : le Festival culturel Marin-Village et la Biennale orientale. Parmi ses écrits, on compte les poèmes en créole tels ceux de Disidans (Djok, 1976), Kompè Lawouzé (Grif an tè, 1978) et Bèl Bèl Zobel (Grif an tè, 1977) et les poèmes écrits conjointement en créole et en français dans Mantèg (Gallimard, 1980) ou Nostrom (Éditions caribéennes, 1982). Nuit gagée (L’Harmattan, 1992), La case où se tient la lune (William Blake and Co édit., 2002), L’Espère-geste (Obsidiane, 2002), qui reçut le Prix Max Jacob, Paris-Caraïbe, le voyage des sens (en collaboration avec le photographe David Damoison, Séguier, 2002), Lémistè (Obsidiane, 2012) et Partition noire et bleue (Obsidiane, 2016) sont ses dernières parutions où la langue française est investie de la vision du monde propre au créole. « Le Kréyol. La séyans. La récitation ou le réciter. Le corps. Le geste. La parole. Les mystères », dit encore Patrick Chamoiseau du « langage-Monchoachi », « vision singulière, incandescente », « bataille de la conscience en face de l’impensable ».
Traducteur en créole de Samuel Beckett (La ka espéré Godot, Jé a bout), Monchoachi a également publié trois essais : Éloge de la servilité (Lakouzémi-2007), Retour à la parole sauvage (Lakouzémi- 2008), Le Monde tel qu’il est (Lakouzémi, 2008).
Plusieurs études lui ont été consacrées : Monchoachi de Georges-Henri Léotin (L’Harmattan, 1994), préfacée par Raphaël Confiant qui salue « un très grand poète, non seulement créolophone mais aussi plus largement créole », ou, plus récemment, dans Dire le réel aujourd’hui en poésie (sous la dir. de B. Bonhomme, I. Castro et E. Lloze, Hermann, 2016). Monchoachi est le récipiendaire du Prix Carbet de la Caraïbe 2003 pour l’ensemble de son œuvre.
[1] http://www.potomitan.info/bibliographie/monchoachi/hommage.php
Mardi 27 juin à 18h, projection du documentaire Mémoire hmong à la croisée des chemins par Safoi Babana-Hampton.
Ce film est une production de Michigan State University (2015), en partenariat avec le consortium Humanities Without Walls, basé à la Illinois Program for Research in the Humanities de la University of Illinois à Urbana-Champaign, avec le soutien de la Andrew W. Mellon Foundation. Safoi Babana-Hampton, productrice, scénariste et réalisatrice en chef. Co-réalisateurs Swarnavel Eswaran Pillai et Cyril Payen, avec la participation de Cédric N. Lee.
Synopsis:
À travers les témoignages d’anciens réfugiés hmong, le documentaire Mémoire hmong à la croisée des chemins accompagne Liachoua Lee dans son périple de relecture de chapitres clés de son passé de réfugié, recréant les souvenirs de guerre tels qu’ils ont été vécus par l’enfant qu’il était alors.
Hmong-Américain habitant à Rochester Hills dans l’état du Michigan, Liachoua Lee, retrace son passé d’ancien réfugié et de fils d’anciens combattants de la Guerre d’Indochine (1946-1954) et de la Guerre secrète américaine au Laos (1961-1975), en revenant sur les lieux qui portent les traces de son histoire personnelle et les blessures intérieures infligées par la guerre.
L’histoire de Lee commence à Détroit, dans le Michigan (aux États-Unis), et l’emporte vers la France, première terre d’asile pour lui et sa famille avant leur immigration aux États-Unis, et finit par un retour chargé d’émotion au pays natal, le Laos, pour la première fois depuis 40 ans.
Table ronde du jeudi 29 juin 10h45
« Littératures caribéennes au présent : Histoire(s) en Relation, nouveaux partages éc(h)o-poétiques », modérée par Jean-Georges CHALI, Université des Antilles
Né en 1970 à Fort-de-France, Alfred ALEXANDRE enseigne la philosophie, ce qui n’est pas sans influencer son travail d’écrivain sur la question des marges urbaines. Ensemble transgénérique, la « trilogie foyalaise » comprend son premier roman Bord de canal (2004), salué par le Prix des Amériques insulaires et de la Guyane, la pièce de théâtre La Nuit caribéenne (2007) et un récit poétique, Les Villes assassines (2011). Plus récemment, il a publié, aux éditions Mémoire d’encrier, un essai, Aimé Césaire, la part intime (2014), et un autre roman, Le Bar des Amériques (2016).
Née en 1965 au François (Martinique), Nicole CAGE FLORENTINY a été animatrice à Radio Caraïbe Internationale, avant de devenir professeur de lettres et d’espagnol et psychothérapeute. Dramaturge, poète et performeuse, elle est l’auteure de six romans : C’est vole que je vole (1998), Confidentiel (2000), L’Espagnole (2002), Aime comme musique ou comme mourir d’aimer (2005), Et tu dis que tu m’aimes ! (2007), Vole avec elle (2009). Elle a reçu le Prix Casa de las Americas pour le recueil de poèmes Arc-en-ciel. L’espoir !, publié en édition bilingue français-espagnol avec une traduction de Nancy Morejón (1996).
Née à Port-au-Prince en 1953, Yanick LAHENS a enseigné à l’École Normale Supérieure d’Haïti jusqu’en 1995, fait partie du cabinet de Raoul Peck au Ministère de la Culture, de 1996 à 1997, ou animé, avec Jan J. Dominique, l’émission culturelle « Entre nous » à Radio Haïti Inter. Membre fondateur de l’Association des écrivains haïtiens, elle est l’auteure d’un essai qui a fait date, L’exil : entre l’ancrage et la fuite, l’écrivain haïtien (1990), de trois recueils de nouvelles, Tante Résia et les dieux (1994), La Petite Corruption (1999) et La folie était venue avec la pluie (2006), ou d’un récit interrogeant le pouvoir de la littérature après le séisme du 12 janvier 2010, Failles. La force d’une écriture sans concession a été saluée par chacun des prix littéraires que lui ont valus ses quatre romans, Dans la maison du père (2000), La Couleur de l’aube (2008), Guillaume et Nathalie (2013) et Bain de lune (2014), pour lequel elle est récipiendaire du Prix Femina.
Née à Paris en 1956, Gisèle PINEAU passe son enfance entre la France et les Antilles, partageant le sentiment d’exil de sa grand-mère Man Ya. Après des études de lettres, elle devient infirmière en psychiatrie en 1979, une profession qu’elle exerce jusqu’à récemment, entre Saint-Claude, en Guadeloupe, et Paris, et en parallèle de sa carrière d’écrivain. Récompensés par de nombreux prix dont le Prix Carbet de la Caraïbe (1994), traduits en anglais, en allemand ou en espagnol, ses neuf romans, de La Grande Drive des esprits (1993) aux Voyages de Merry Sisal (2015), dialoguent avec les récits plus autobiographiques, comme Mes quatre femmes (2007), les récits pour la jeunesse ou le travail de collecte de la mémoire collective, comme dans Femmes des Antilles, traces et voix cent cinquante ans après l’abolition de l’esclavage (avec Marie Abraham, 1998).
Jean-Marc ROSIER est né à Fort-de-France en 1976. Écrivain et poète, il dirige la revue de création littéraire et critique L’incertain, et préside l’association culturelle Mélanges Caraïbes. Ses textes, Noirs néons, Les Ténèbres intérieures, romans de la modernité urbaine, inaugurent le cycle de Jonas, anti-héros errant dans l’enfermement déshumanisant de l’île. Urbanîle, poème fragmentaire, clôture le triptyque.
Jeudi 29 juin, 16h30 Conversation avec Patrick Chamoiseau
Né en 1953 à Fort-de-France, Patrick CHAMOISEAU a écrit, depuis Chronique des sept misères (1986), plus d’une dizaine de romans parmi lesquels on compte le Prix Goncourt Texaco (1992), la trilogie autobiographique et le diptyque formé par L’Esclave vieil homme et le molosse (1997) et Un dimanche au cachot (2007). Traduite en plusieurs langues, souvent primée, son œuvre a fait l’objet de nombreuses monographies critiques. Les essais dont Patrick Chamoiseau est l’auteur, ou le co-auteur, renouvellent fondamentalement les savoirs sur les mondes créoles et l’histoire de leurs littératures et sur la création artistique en situation postcoloniale, d’Éloge de la Créolité (1989), co-écrit avec Jean Bernabé et Raphaël Confiant, et Écrire en pays dominé (1997) aux beaux livres consacrés aux « traces-mémoires » ou, plus récemment, Césaire, Perse, Glissant, les liaisons magnétiques (2013). Patrick Chamoiseau développe une pensée philosophique et écopolitique du lieu et du monde, qui, en résonance avec celle d’Édouard Glissant, irrigue jusqu’à sa dernière « déclaration des poètes », Frères migrants (Seuil, 2017). Cette conversation sera aussi l’occasion de revenir sur ses derniers récits, L’Empreinte à Crusoé (2012) et La Matière de l’absence (2016).